vendredi 24 juin 2011

Liege début XXème ( La grande guerre )


 
Le monument interallié
Le 6 août 1914, les obus allemands tombent sur Liège. Et le cauchemar commence. 
 
CHRONIQUE

Le mercredi 5 août à midi, la Gazette de Liége sort une édition spéciale. «Cette fois c'en est fait, notre chère Belgique a été envahie par une armée allemande. Au moment où nous écrivons ces lignes, la cavalerie allemande est à Warsage, où elle est arrivée en passant devant la douane de Gemmenich.»
On y lit que les Allemands ont lancé une proclamation disant que l'Allemagne entre en Belgique en amie et qu'elle ne veut faire du mal à aucun Belge! Inutile de dire que personne n'est dupe. Liège est en état de siège depuis la veille. Les enrôlements volontaires sont si nombreux qu'il a fallu établir des barrières Nadar devant le bureau d'enrôlement de la rue Ste Foy. Les ponts de Visé et d'Argenteau ont sauté dans la nuit de lundi à mardi. Il a fallu s'y reprendre à deux fois pour faire sauter celui de Visé et, hélas, les lignes téléphoniques et télégraphiques avec!
La Gazette rapporte aussi qu'à Bruxelles, on considère comme une fausse nouvelle l'annonce de l'entrée des Allemands à Visé. On peut lire un entrefilet annonçant que deux généraux allemands allaient arriver à l'hôtel de Ville de Liège pour demander la reddition de la cité. Personne ne vit jamais ces généraux.
Par ailleurs, dans le livre en 3 tomes, «Liège, pendant la Grande Guerre» de Jules de Thier et Olympe Gilbart, publié en 1919, on lit: «Un parlementaire a été amené à Liège en auto par un officier belge, pour demander la reddition de la ville, sous peine d'être bombardée. Le général Leman refusa. Le parlementaire insista en disant que, depuis Fléron, il avait été vivement acclamé. Le général interroge l'officier belge. Oui, répondit-il, on nous a acclamés, parce que l'on croyait que je ramenais un prisonnier!»
Le ton du journal qui jusque-là avait été assez optimiste quant au respect de la neutralité du pays a changé. Ce que l'on comprend puisque les premières troupes ont franchi notre frontière.
Quant à la défense de la neutralité promise par la France et l'Angleterre, on ne se fait plus guère d'illusion. Dès l'arrivée des Allemands, Joseph Demarteau, troisième du nom, décide d'interrompre la publication de la Gazette et ce malgré l'injonction de l'occupant. L'évêque de Liège de l'époque, Mgr Rutten, insista lui aussi, à deux reprises pour que l'on reprenne la publication, estimant qu'en des temps aussi pénibles, les catholiques liégeois auraient bien besoin du soutien moral de leur journal. Joseph Demarteau qui se rendait bien compte de ce que deviendrait l'information sous le contrôle de l'occupant, refusa énergiquement. Les conséquences furent très lourdes pour le personnel qui dut tenter de trouver d'autres moyens de gagner sa vie. Mais tous, appuyèrent la décision du directeur qui reprit tant bien que mal sa profession d'avocat.
Le siège du journal fit l'objet de sévères réquisitions. Quelques machines furent cachées pendant toute l'occupation. Liège allait connaître une des périodes parmi les plus douloureuses de son histoire.
© La Libre Belgique 2004



































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